Biographie
David Nash s’est très tôt consacré à la sculpture sur bois, se laissant guider par les formes que suggère l’arbre. « Plutôt que d’élaborer une idée et d’essayer de trouver la pièce adéquate, je me suis toujours laissé séduire par le matériau. Tout me vient de lui, de sa forme et de son essence »¹. Il se sert d’« outils » aussi différents que la hache, la tronçonneuse, le feu, l’eau. L’artiste laisse souvent les saisons transformer ses sculptures, ainsi intégrées au cycle naturel de l’évolution.
Nash est une sorte de jardinier : il plante et élève ses arbres, infléchit leur forme par des interventions appropriées. Le sens du temps et le respect de la nature sont aussi importants dans son travail que la scie ou la hache. Comme les anciens Chinois, il considère le bois comme le cinquième élément et il utilise les quatre autres : la terre pour le nourrir, l’air pour le sécher, l’eau et le feu pour obtenir la patine qu’il souhaite. C’est dans les années 1980 que David Nash commence à utiliser fréquemment le feu dans sa sculpture.
Son vocabulaire formel est composé de cubes, sphères et triangles, mais aussi arcs, dômes et colonnes. « De la génération minimaliste qui a précédé la sienne, [il] a retenu le goût des formes simples et le rejet de l’ornement au bénéfice d’un travail subtil des proportions » 2. Pour lui, la forme doit, pour s’épanouir, composer avec différents paramètres : la matière, l’espace et le mouvement. Ces formes se retrouvent aussi bien dans ses sculptures que dans ses œuvres sur papier, le carré figurant la matière, le triangle, l’espace et le cercle le mouvement. Chacune de ces formes géométriques est dans son esprit liée à une couleur : carré rouge, triangle jaune, cercle bleu. Nash est un remarquable dessinateur utilisant le crayon, la craie, le pochoir. Il utilise pastels et fusains colorés, souvent rouge vif, qui viennent dialoguer avec les bois bruts ou brûlés, mais aussi avec les bronzes. Certains de ses dessins sont placés dans des cadres en bois brûlé que lui-même a confectionnés.
Autre aspect de son travail, les « travaux vivants » sont très révélateurs de sa volonté d’insérer ses œuvres dans la nature. Le plus célèbre est le « Ash Dome », conçu au milieu des années 1970. David Nash plante 22 frênes en cercle et à mesure de leur croissance il infléchit la direction selon laquelle poussent les branches en faisant appel aux techniques traditionnelles et ce dans le but de créer une coupole végétale.
David Nash est membre de la Royal Academy depuis 1999. Son œuvre, largement représentée dans les principaux musées d’Europe, d’Amérique, d’Australie et du Japon, a fait l’objet de rétrospectives au Yorkshire Sculpture Park (2010), à Kew Gardens (2012), au musée de Cardiff (2019) et à la Fondation Fernet-Branca (2018). En outre, il réalise des œuvres in situ dans des parcs de sculptures comme le Domaine de Chaumont-sur-Loire (« Thirteen Reds » et « Tumble Block », 2013).
1. Marie Maertens, « Visite d’atelier : David Nash », dans Connaissance des Art, mai 2018
2. Jean Frémon, « Le cinquième élément », dans David Nash, Line of cut, Repères n° 108, 2000, p. 11